Parole d’expert : Impact des jours fériés sur les projets immobiliers ?

 

Au Maroc, nous avons 13 jours fériés qui représentent une interruption de travail d’une journée dans la majorité des cas, tous secteurs d’activités confondus, sauf pour 3 fêtes : l’Aïd El Fitr, l’Aïd Al Adha et El Mawlid. Souvent 2 jours sont accordés pour ces fêtes de l’Aïd, ce qui est normal au regard de leur importance et de l’organisation qu’elles impliquent au sein des familles. Toutefois, dans le secteur du BTP et de l’immobilier, ces fêtes provoquent une fuite des ouvriers et ce, pendant plusieurs semaines. D’une manière générale, les ouvriers des chantiers ne sont pas originaires des villes où ils travaillent, ils viennent souvent du sud et ces fêtes sont l’occasion de retrouver leur famille qu’ils n’ont pas visitée depuis des mois. La pratique en matière de congé dans le secteur du BTP n’est pas identique aux autres secteurs et, surtout au personnel administratif, tertiaire ou même industriel. Les ouvriers des chantiers travaillent toute l’année sans prendre de congé afin de pouvoir partir durant ces 3 fêtes. De plus, la nature de leur contrat de travail est plus souple et ne prévoit pas de congés payés pour ceux qui n’ont pas de contrat de travail en « CDI ». En effet, seul les très grandes entreprises du secteur du BTP emploient leurs ouvriers en « CDI » car leurs carnets de commandes leur permettent d’avoir une bonne visibilité. Mais les petites et moyennes entreprises n’ont qu’une poignée d’ouvriers titulaires, notamment chez les encadrants type chef de chantier ou conducteur de travaux. Aussi, lorsque les ouvriers non titulaires ou dit « à la tâche » partent visiter leur famille, les chantiers se vident ou sont même désertés pendant plusieurs semaines, ce qui interrompt l’avancement des chantiers. En termes d’impact sur les plannings cela se caractérise par en moyenne 2 semaines d’arrêt pour l’Aïd El Fith, 3 à 4 semaines pour l’Aïd Al Adha et 2 semaines pour El Mawlid, soit au total 7 à 8 semaines d’inactivité sur les chantiers et plusieurs millions de dirhams de manque à gagner. Pour les grandes entreprises structurées, l’impact est largement réduit à quelques jours par fête et cadré par des jours de congés payés posés. En revanche pour les autres, certains ouvriers partent et ne reviennent jamais, ce sont des ouvriers nomades qui vont de chantier en chantier et de ville en ville.